Un investissement qu’il ne faut pas faire au rabais

Publié le

Plusieurs noms sont déjà avancés. L’Orbitale de 1994 est devenu le Métrophérique de la RATP et maintenant l’Arc Express de la Région Ile-de-France. Peu importe le nom, et il est plutôt bon signe qu’on s’en dispute la paternité, cela prouve que les choses avancent.

L’essentiel c’est la construction rapide de cette infrastructure de 50 kilomètres au moins, reliant Villejuif à Créteil, Saint-Denis, La Défense, Issy-les-Moulineaux, Châtillon, …

Une infrastructure évidemment essentielle pour la proche couronne où elle sera localisée. Mais essentielle pour Paris, qui sera enfin désengorgé, dont le réseau métro prendra une autre dimension. Et essentielle aussi pour la grande couronne, qui pourra se connecter à ce « métro-périph » via toutes les lignes de RER et de trains de banlieue.

Un investissement structurant pour plus d’un siècle qu’il ne faudra pas faire au rabais.

 

Il ne serait que justice que le premier tronçon soit réalisé dans le Val-de-Marne. Le sud-est a été la zone la plus défavorisée pour les infrastructures de transport collectif, et c’est là que l’automobile domine de plus loin les transports collectifs, les habitants n’ayant pas d’alternative. C’est là que le consensus politique a été réalisé avec brio par Christian Favier, président du Conseil Général, que la dynamique est la plus aboutie.

 

Mais il faudra bien sûr que cette rocade soit réalisée en entier. On entend déjà certains nous expliquer qu’une rocade entière ne sera pas indispensable, que quelques tronçons suffiront. Derrière ces discours, toujours la même rengaine, du trop cher, du trop d’investissements publics, de la logique néfaste qui nous a conduit au désastre actuel.

 

Bien sûr, cette infrastructure sera construite par tronçons. Mais bien sûr, il faudra la faire en entier, pour connecter l’ensemble des lignes de métro, de RER et de train de banlieue. Et heureusement, dès le premier tronçon ouvert, l’évidence sera de concevoir les prolongements.

Il faut une rocade entière et à grande capacité. Les premières estimations de trafic évoquent déjà l’ordre de grandeur de 1 million de voyageurs par jour. Cela justifierait à court terme des voies qui permettent des trafics jusqu’à 20 000 personnes par heure et par sens, comme une ligne de métro.

Il s’agit là d’évaluations aujourd’hui, mais n’oublions pas que nous travaillons pour construire quelque chose qui durera au moins un siècle. Un siècle qui sera fait d’enjeux environnementaux et énergétiques plus que lourds.

On nous parle déjà de construire des stations pas trop grandes, pour réduire les coûts. Ce discours m’inquiète : quel sens y aurait-t-il à construire une infrastructure à l’économie ? Je préfère de loin la vision qui a prévalu pour la ligne 14 : prévoir d’emblée des stations qui pourront accueillir des rames plus longues si le besoin s’en fait ressentir des décennies plus tard, et ne pas faire à l’économie. 

 

Alors évidemment, cela a des conséquences sur les coûts. On nous parle d’un projet qui pourrait représenter moins de 4 milliards d’€ d’investissement, en calculant « au plus juste ». Je suis très méfiant. A mon sens, il faut des stations larges, qui permettent d’évoluer et d’anticiper sur des flux qui risquent d’être beaucoup plus importants dans 30 et 50 ans. Et il vaut mieux partir sur un projet qui coûtera à terme 6 à 7 milliards d’€, plutôt que d’économiser aujourd’hui pour se retrouver toujours devant un mur dans 20 ans.

Et il ne faut pas non plus économiser sur les raccordements au réseau de métro. Pour être cohérents, il nous faut lancer en même temps que ce chantier celui du prolongement de très nombreuses lignes de métros, plusieurs dizaines de kilomètres et plusieurs milliards d’€ d’investissement complémentaires.

Au début du 20e siècle, on a su construire un réseau de 90km de métro en moins de 15 ans. On a su emprunter l’argent nécessaire, et porter une vraie logique d’aménagement. Il faut savoir faire la même chose un siècle plus tard, avec la rocade de métro rapide en proche couronne et avec les prolongements de métro. L’avenir de Paris se joue là, en banlieue.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article