Le logement social, l’arme fatale anti-spéculation aussi pour la politique du stationnement

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Il y a près de 200 000 autres places qui peuvent être gérées de façon publique et simplement : les 120 000 places des parkings de bailleurs sociaux et les 67 000 places des parcs publics concédés de la Ville de Paris.

Les parkings de bailleurs sociaux constituent la priorité. Tout simplement parce que cette offre va et doit se développer. Paris manque de logements sociaux, et la Ville a décidé d’en financer plusieurs milliers supplémentaires par an, 3 500 en 2001 et maintenant près de 6 000 en 2007, ce qui est une très bonne chose. Mécaniquement, cela va permettre d’augmenter le nombre de places de stationnement gérées par les bailleurs sociaux, qui devrait donc à terme dépasser 150 000 places.

 

Cette offre a été longtemps mal gérée, voire pas gérée du tout. Alors qu’elle est relativement concentrée : aujourd’hui 52 000 places appartiennent à l’OPAC et 27 000 à la RIVP, les deux tiers pour deux opérateurs.

Les prix étaient fixés de façon très aléatoire, et le taux de location était parfois faible : en moyenne près de 30% de taux de vacance. Des prix souvent trop élevés, et parfois dissuasifs, soit de 50 à 150 € la place par mois, avec une bonne partie des places louées entre 60 et 90 € par mois.


Ces prix, il est nécessaire et indispensable de les baisser pour les résidents des quartiers concernés. Nous avons commencé à le faire dans le 20
e, seul arrondissement dont la gestion du stationnement est confiée à un élu communiste. La plupart des 5 000 places gérées par l’Opac ont vu sous la pression conjuguée de la mairie du 20e , de conseils de quartier et d’amicales de locataires leur prix baisser de façon conséquente. Une bonne partie d’entre elles sont maintenant louées autour de 50€ par mois par les résidents. Cette baisse de prix a eu des résultats extrêmement efficaces : e taux de vacances est passé de près de 50% dans le 20e à moins de 20%. A un tel point que l’Opac a réussi à plus que compenser la perte de chiffre d’affaires générée par la baisse des prix. Et des milliers d’habitants du 20e peuvent garer leur voiture à un tarif accessible. Les prix de nombre de parkings privés ont même été obligés de baisser leur prix pour s’aligner.

 

Etendre cette mesure de gestion publique simple et efficace, et proposer pour les 120 000 places de parkings des bailleurs sociaux à moins de 60€ pour les résidents amènerait à un taux de location de près de 100% pour cette offre. En termes financiers, l’opération serait pratiquement sans impact pour les bailleurs sociaux (qui mettraient en œuvre cette mesure sur la base de conventions avec la Ville de Paris). 

Cela aurait pour effet d’améliorer très vite la situation du stationnement dans tous les arrondissements détenant des logements sociaux en nombre, et mettrait un coup de frein massif à la spéculation sur le prix du stationnement.

 Et cela constituerait une incitation pour les arrondissements dépourvus de logements sociaux à en augmenter leur nombre : la solution du problème du stationnement à Paris, c’est le logement social, et une gestion publique et transparente qui fasse obstacle à la spéculation. 

Cette bonne gestion des parkings de bailleurs sociaux coûterait peu : de l’ordre de 1 million d’€ par an pour un chiffre d’affaire actuel de 25 millions d’€. Cela serait juste et efficace car la Ville de Paris n’est pas dépourvue de recettes dans le domaine du stationnement.


Ces recettes ne viennent bizarrement pas du stationnement sur voirie. En effet, les contrôles sont peu efficaces, car le niveau des amendes sont très faibles. Et l’on se retrouve dans la situation un ubuesque qui fait que le contrôle coûte plus cher que les recettes (chose qui ne peut changer qu’avec une modification de la législation nationale).

Ces recettes viennent des parkings publics concédés de la Ville. Les près de 67 000 places des parkings concédés sont gérées par des entreprises spécialisées, mais appartiennent bien à la Ville, et leur exploitation très bénéficiaire profite à la Ville, qui touche des redevances conséquentes et en augmentation, au fur et à mesure que les concessions sont renouvelées (elles rapportent d’autant plus d’argent qu’elles n’ont plus à financer la construction des dits parkings, réalisés maintenant depuis plusieurs décennies).

Ces recettes ont été utilisées dans la période récente à financer la construction de deux nouveaux parkings, dans le 15e et le 17e. A l’avenir, elles seraient mieux utilisées pour financer une meilleure gestion des parkings de bailleurs sociaux. D’une part la baisse des prix dans les 105 000 places gérées en direct par les bailleurs. Et d’autre part le rachat des baux commerciaux des 15 000 places de parkings de l’Opac concédées à des petites entreprises privées qui gagnent de l’argent en pratiquant des prix souvent très élevés, un comble dans des grands ensembles sociaux. De fait remunicipaliser ces grands parkings de l’Opac que la droite s’est évertuée à privatiser en les concédant sous le régime léonin des baux commerciaux.

 

Pour résumer les choses, jusqu’en 2001, on ne savait même pas combien il y avait de places de stationnement et on gérait ce dossier n’importe comment. Depuis 2001, on gère bien l’offre de surface, mais celle-ci diminue et va diminuer.

Il faut maintenant passer à une autre étape : bien gérer l’ensemble du patrimoine public et lutter contre la spéculation sur la rareté. Et cela est possible assez simplement, grâce aux parkings de bailleurs sociaux. Le logement social est la solution au problème du logement à Paris, la solution à l’enjeu lourd de la mixité sociale dans cette capitale mondiale. Et aussi la solution aux problèmes de stationnement.

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